Ce qui apparaissait comme une plaisanterie de mauvais goût est devenu une réalité depuis l'après-midi de ce vendredi. Albert Mabri Toikeusse et Gnamien Konan ne font plus parti du gouvernement. Ainsi en a décidé Alassane Ouattara depuis le Palais présidentiel d'Abidjan-Plateau. Abdallah Toikeuse Mabri n'est plus le ministre des Affaires Etrangères. Il en est de même pour Gnamien Konan qui perd son poste de ministre de l'Habitat et du Logement social. Tous deux sont remplacés hic et nunc respectivement par Marcel Amon-Tanoh, Directeur de cabinet du président de la République, Alassane Ouattara, et Mamadou Sanogo qui en assureront les intérims. Le limogeage de ces deux cadres du RHDP, coalition au pouvoir depuis 2011, intervient au moment où les candidatures RHDP aux législatives du 18 décembre font l'objet de vives contestations.
Pour un parlement qui compte 255 sièges, le RDR et le PDCI se taillent la part du lion avec 235 candidats contre seulement 20 pour leurs autres alliés. « De la foutaise », commente un militant de l'UDPCI. Non contents du nombre de siège insignifiant à eux accordés et vu l’appellation de ''petits partis'' qu'on tente de leur affubler, l'UDPCI de Mabri Toikeusse a décidé de présenter 21 candidats aux législatives quand l'UPCI de Gnamien Konan aligne une liste de 42 commandos. « Nous respectons leur choix », justifiait le week-end passé le secrétaire général par intérim du RDR, Amadou Soumahoro, par ailleurs président du directoire du RHDP.
Le choix de se porter candidats en dehors du RHDP est-il à la base du limogeage de Mabri et Gnamien Konan ? La réponse est oui. Dans une publication, un militant de l'UPDCI dénonce le manque de considération du RDR à l'égard du parti arc-en ciel. « Je voudrais faire observer qu'il est important pour un homme de se souvenir du passé afin d'envisager l'avenir. De 2002 à 2011, alors que Laurent Gbagbo et ses suiveurs d'alors (Blon Blaise, Bleu Lainé, Tia Koné, Noutouan Youdé, Diéty Félix, Fêh Késsé, Freedom Neruda etc...) qui subitement sont devenus aujourd'hui, vos nouveaux champions, avaient réussi à s'imposer dans le Cavaly et le Guémon, seul Mabri et son parti avaient maintenu la flamme du RHDP dans le Tonkpi. Malgré les menaces, ils sont restés mobilisés jusqu'aux élections Présidentielles de 2010. Les mêmes qui hier, armaient les miliciens pour attaquer les militants du RHDP et leurs biens, alors que leurs leaders étaient encerclés au GOLF, sont subitement préférés à ceux qui ont lutté. C'est ce parti martyr qui a joué pleinement sa partition au sein du RHDP », rappelle-t-il.
Pour ce militant de l'UDPCI, le Président Alassane Ouattara et le RDR doivent se ressaisir et comprendre que leur allié naturel demeure l'UDPCI. « Vous en voulez inutilement à Mabri et son parti. Sinon, à la lumière des listes RDR et PDCI, il est clair que tous les partis sont solidement installés dans leur fief. Et puis entre nous, l'UDPCI ne demande qu'à être soutenu dans 23 circonscriptions seulement sur 255. Je pense que lorsqu'on ne veut plus d'un allié, il faut le lui dire clairement », martèle-t-il.
Poursuivant, le partisan de Mabri Toikeusse explique les humiliations subies par le président de l'UDPCI au Ministère des Affaires étrangères. « Dans les faits, il (ressemblait) plus à un vice Ministre parce que le vrai titulaire, (c'était Marcel Amon-Tanoh). Mais en bon Dan respectueux des traditions, fervent croyant et malgré les plaintes de ses militants, le Président de l'UDPCI (a joué) la carte de l'apaisement et de la négociation. Toutefois, Mabri n'ignore pas qu'il ne compte plus pour ses alliés du RHDP, qui pensent avoir trouvé de nouveaux champions pouvant le remplacer. La bataille pour la succession du Président Ouattara fait rage et seul Dieu sait à qui le tour. Si pour ses convictions politiques, Mabri (est) chassé du gouvernement, nous lui rendrons hommage pour sa loyauté, et surtout pour ses nombreux services rendus à son pays », conclut-il.