Le mardi 26 décembre 1995, le numéro 2594 du journal français France Football sort en kiosque. C’est dans cette édition que doit être révélé le nom du Ballon d’or de l’année. Et pour la première fois, il n'y a pas que des Européens dans la sélection.
En cette année 1995, le règlement de la plus prestigieuse des distinctions individuelle en matière de football change. Créé en 1956 par l’hebdomadaire France Football (FF), il était jusqu’à l’édition 1994 réservé aux joueurs européens évoluant sur le Vieux continent. Il s’ouvre cette année aux joueurs du monde entier, et le premier non-européen vainqueur ne va pas attendre longtemps avant être désigné.
Grand sourire, casquette noire vissée sur le crâne et large veste imprimée sur les épaules, le lauréat pose fièrement sur la couverture de FF aux côtés de son trophée – une création de la maison de bijouterie française Mellerio.
Le Libérien George Manneh Oppong Weah devient, à 29 ans, le 40è Ballon d’or de l’Histoire. Au terme de sa belle année 1995, il est élu avec 144 points, devant l’Allemand Jürgen Klinsmann (108 points) et le Finlandais Jari Litmanen (67 points).
Surtout, « Mister George » devient le premier Africain – et jusqu’à aujourd’hui l’unique – désigné Ballon d’or (même si Eusébio, né au Mozambique, fut récompensé en 1965, mais il jouait pour le Portugal, toujours colon à l’époque du Mozambique).
Puissance, vitesse et technique
Cette même année 1995, le Libérien rafle presque tous les titres individuels : Ballon d’or africain en janvier (la seconde fois après 1989), joueur africain de l’année par la CAF, meilleur joueur d’Europe et joueur Fifa de l’année. Mais curieusement, l’année 1995 n’est pas synonyme pour Weah de titres majeurs.
À la fin de la saison 1994-1995, il ne réalise « que » le doublé Coupe de France – Coupe de la Ligue avec le Paris Saint-Germain. C’est surtout en coupe d’Europe que l’enfant de Monrovia marque les esprits et s’envole vers le Ballon d’or, en scorant à huit reprises en Ligue des Champions, dont un but d’anthologie sur la pelouse du Bayern Munich.
Capitaine de l’équipe nationale du Liberia, il finança parfois de sa propre poche la sélection, en équipements et billets d’avions. Malgré son investissement et son immense talent, l’homme aux 60 sélections ne réussit pas à faire disputer aux Lone Star la Coupe du Monde, échouant pour un petit point à celle de 2002.
Grande carrière puis reconversion politique
Avant ses succès à Paris puis Milan, sa carrière débuta en Afrique dans différents clubs de Monrovia, avant de rejoindre en 1987 le Cameroun et le Tonnerre de Yaoundé. Au bout d’une saison et d’un titre de champion, il s’envole pour Monaco en France, où il reste quatre ans avant son transfert au PSG. Après ses succès en France et en Italie, il effectue en 2000 deux courtes piges en Angleterre, puis six mois à Marseille avant de terminer sa carrière aux Émirats arabes unis.
Retraité en 2003, Weah se tourne rapidement vers la politique de son pays qui porte encore les stigmates de la guerre civile. En 2005, candidat à l’élection présidentielle, il arrive à se hisser jusqu’au second tour, s’inclinant face à Ellen Johnson Sirleaf – toujours en poste. Il retente sa chance en 2011 cette fois-ci pour la vice-présidence, mais échoue de nouveau.
A la fin de l’année 2014, il obtient son premier mandat politique en étant élu sénateur de la province de Monrovia, la capitale libérienne. Le 6 mai dernier, il annonce devant une foule de partisans être officiellement candidat du CDC – le Congrès pour le changement démocratique – à l’élection présidentielle de 2017.
Après avoir été le premier Ballon d’or africain, George Weah deviendra peut-être en 2017 le premier ex-footballeur élu président.