Que retenir après le réaménagement technique du gouvernement Gon ? Six leçons importantes. Décryptage.
Première leçon : le pouvoir du PDCI fond de plus en plus comme beurre au soleil. Désormais, plus aucun ministère de souveraineté n'échoit au PDCI. Cela rappelle la sortie progressive des cadres issus des ex-Forces nouvelles. En six ans, le PDCI a été subtilement poussé de la Primature, des ministères de la Justice, de l'Economie, des Affaires étrangères et de la Défense.
Deuxième leçon: Quand Alassane Ouattara veut se débarrasser d'un ministre, il lui enlève un portefeuille. Ou alors, il l'envoie au ministère des Eaux et Forêts. Avant Alain-Richard Donwahi (PDCI), Mathieu Babaud Darret (RDR) et Louis-André Dacoury-Tabley (RDR, ex-Forces nouvelles) sont passés par là. Il est presque certain que Donwahi sortira du gouvernement au prochain remaniement. Idem pour Pascal Kouakou Abinan (PDCI).Antagonismes
Troisième leçon: le Premier ministre voit ses pouvoirs renforcés. En obtenant la tête d'Aboudrahamane Cissé et en récupérant le portefeuille du Budget, il obtient plus de pouvoir financier qu'aucun Premier ministre avant lui.
Ce dernier avait plutôt le portefeuille de la Défense. Jeannot Ahoussou-Kouadio avait le portefeuille de la Justice. Et Daniel Kablan Duncan avait des ministres auprès de lui, chargés de l'Economie et du Budget. Gon, c'est un Secrétariat d'Etat. De sorte que le ministre du Budget, c'est bien lui. De même, il a réussi à placer un homme-clé à un ministère-clé. L Fonction publique est désormais aux mains du général des Douanes Issa Coulibaly.
Quatrième leçon: le retour en grâce d'Hamed Bakayoko. Fragilisé après la formation du gouvernement de janvier 2017 duquel il a failli partir (n'eût été la volonté personnelle du Président), Bakayoko prend officiellement la Défense à Donwahi. Ce dernier n'était pas beaucoup respecté par la troupe, pour des considérations que je préfère ne pas évoquer ici.
Au passage, il a réussi à positionner l'un de ses proches à la Sécurité: le préfet hors grade Sidiki Diakité. Cinquième leçon. Ce n'est pas un très bon signal envoyé à la jeunesse que de sortir le plus jeune ministre. Au demeurant, Cissé n'était pas réputé pour être adepte du griotisme. Sixième et dernière leçon: l'ouverture géopolitique et le bras tendu à l'opposition politique peuvent toujours attendre.
A mon avis (et je peux me tromper), ce gouvernement réaménagé ne va pas arranger les choses entre les trois principaux alliés d'hier. Les relations entre Henri Konan Bédié et Guillaume Soro d'une part et Alassane Ouattara d'autre part, ne s'amélioreront pas. Bien au contraire.
Au mieux, cela va renforcer le rapprochement Bédié-Soro. Au pire, cela va renforcer les antagonismes entre Soro et ses deux principaux rivaux au sein du RDR: Bakayoko et Gon. Qui vivra verra !