Médiapart, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2020, s’intéresse beaucoup à la Côte d’Ivoire, ou plutôt au Président Alassane Ouattara, accusé par l’officine socialiste que dirige Edwy Plenel, d’être responsable de tout ce qui se passe dans la sous-région. Il y’a eu une tentative de coup d’État au Burkina, afin de rendre le pouvoir à Blaise Compaoré. Pour Médiapart qui cite même un huis clos des chefs d’État africains auquel aucun journaliste n’a participé, derrière ce coup d’État avorté, il y’a forcément la Côte d’Ivoire, et surtout Alassane Ouattara qui a commis selon Médiapart le « lourd crime » d’avoir été installé au pouvoir, (toujours selon le vocabulaire Médiapart) par la France et l’Occident capitaliste. Médiapart n’est jamais objectif, lorsque ses journalistes se laissent emporter par leur fibre militante, anticolonialiste et anticapitaliste. Il suffit de se reporter aux écrits d’Edwy Plenel pour comprendre que Médiapart est plutôt du côté de l’ancien régime ivoirien de Laurent Gbagbo, membre de l’internationale socialiste, que du côté de Ouattara, accusé d’être au service de la finance internationale. Chose étrange, Mediapart et Edwy Plenel ne connaissent pas le Général Vagondo, un général si discret ! Ils se permettent donc de divulguer un document qui proviendrait de la justice burkinabè et qui permettrait d’éclairer le dossier de coup d’État avorté. Le document n’est pas authentifié, mais Médiapart a le culot d’affirmer qu’il a demandé aux autorités ivoiriennes de se prononcer sur un tel document. La gestion d’une affaire aussi délicate suppose qu’Abidjan ne réponde pas aux injonctions de journalistes partisans, avides de scandales politico-militaires. Si par extraordinaire, les allégations faites par les suspects mis en cause étaient avérées, c’est-à-dire si les autorités ivoiriennes ont été effectivement mises en cause par les auteurs du coup d’État manqué, les journalistes de Médiapart devraient alors éviter d’oublier que lorsque des gens sont inculpés, ils sont prêts, pour se sauver, à utiliser tous les moyens. C’est ce qui se passe avec l’apparition soudaine du Général Vagondo dans le dossier, puisqu’il n’existe aucune preuve que le Général Vadongo aurait apporté un soutien aux putchistes, et que derrière Vadongo, il y’a une puissance étrangère, la Côte d’Ivoire. Or, qui dirige la Côte d’Ivoire ? L’ami de Compaoré. La boucle est bouclée : Médiapart invente une « story telling », dans laquelle Ouattara est forcément coupable. Sans preuve aucune, parce que des suspects l’auraient dit ! Sans que la justice de Ouagadougou, ait accordé un crédit à leurs allégations, sans qu’une contre-enquête, ou une reconstitution de crime, ait pu avoir lieu. On se souvient que dans l’affaire de l’expulsion de Kemi Seba, l’activiste qui dénonce le Franc CFA, tout comme dans les déboires de l’ex-ministre togolais qui s’est prononcé contre le CFA, le nom du Président ivoirien avait encore été avancé pour expliquer l’arrestation et l’expulsion du Sénégal de Seba, et le limogeage du ministre togolais. C’est pourtant clair et simple : les putschistes de Ouagadougou , constatant que la diplomatie avait permis d’étouffer l’affaire des écoutes téléphoniques, n’hésitent pas à mettre en cause la plus haute autorité ivoirienne. Ils espèrent ainsi échapper à la justice burkinabè. Décidément, Alassane Ouattara a le dos bien le dos large. Médiapart n’est-il pas en train de se dire : regardons ce qui se passe en Afrique contre nos amis, les dirigeants socialistes, car il y’a sûrement moyen d’impliquer Ouattara et la France. Pour Edwy Plenel, l’éternel trotskiste, notre pays la France est, devant l’Histoire, une éternelle coupable, ce qui l’autorise à réécrire l’Histoire ou à « tordre » l’histoire contingente. Peu importe les dommages collatéraux. Moi qui au cours de ma carrière, ait eu l’honneur de rencontrer ce général discret et intègre, je ne pouvais me taire sur les dérives de cette presse militante, qui tire la gloire, dans cette volonté de « flinguer », les puissants sans avoir prouvé leurs culpabilités, en s’érigeant en juges à la place des juges et de la justice . Cette fois-ci, je les préviens : ils n’auront pas raison de nous, comme ils ont eu raison de nôtre regretté Pierre Beregovoy. Jérôme Labilleau, France