Pour Tiken Jah, artiste ivoirien mondialement reconnu et engagé pour ses prises de position, il était temps de « ne plus parler en parabole » comme dans ses chansons. Il a donc voulu donner son avis sur l’action politique en Côte d’Ivoire, sur les élections de 2020 et le positionnement des partis politiques. Face aux journalistes triés sur le volet dont, la star de reggae, assis dans un canapé, au salon du dernier étage de sa résidence sise à Yopougon, évoque sans fioriture de tous les sujets brûlants de l’actualité ivoirienne. Le visage grave, ses premiers propos démontrent de son ras-le-bol de la situation socio-politique en Côte d’Ivoire : " Je suis inquiet. Il y a trop de corruption, d’injustice et d’inégalité au pays." A l’entendre, sa première déception est l’absence de société civile dans le débat politique ivoirien à contrario des pays tels le Mali et la Guinée où la société civile est quand même forte. "Notre société civile ne fait pas son travail. Aussi nos chefs coutumiers et religieux doivent mériter leurs salaires et sortir de leur palais pour dire à nos dirigeants qu’il n’est pas possible que le pays retombe dans la crise." La coalition au pouvoir en prend également pour son grade. "Par rapport au bilan qu’on voit, le RHDP est carrément un complot contre les Ivoiriens. On a l’impression que le groupe s’est construit pour partager le gâteau depuis leur arrivée au pouvoir. Des ministres sont incompétents mais ils ne sont pas remplacés car c’est le président Ouattara ou Bédié qui les ont nommés. Si on continue comme cela, nous n’avancerons pas", déplore-t-il. « Je suis déçu par la gouvernance de Ouattara non seulement parce que la corruption a pris le dessus, poursuit-il. Le bilan du président Ouattara est celui de Bédié. Ils ont mis des gens à des places qu’ils ne méritent pas." Concernant l’alternance 2020 qui est sujet dans tous les foyers ivoiriens, il estime que le PDCI qui veut revenir au pouvoir doit promettre mieux que le RDR. En outre, il a profité pour dénoncer l’emprisonnement des proches de l’ancien président Gbagbo qui comme le président Ouattara avait des suiveurs. Pour lui, c’est Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo et Blé Goudé qui sont les responsables. « Il faut donc libérer les prisonniers politiques ou qu’on dise exactement ce qu’ils ont fait car la population est dans le flou », a-t-il fait remarquer tout en promettant de rendre visite à ces derniers, notamment à Koua Justin car « ses propos ne méritent pas selon lui un emprisonnement ». Tiken Jah soutient une plainte contre l’ancien Président français Nicolas Sorkozy Actualité oblige. L’entretien a pris fin sur la question du parrainage que Tiken Jah a accordé à un ensemble d’organisations de la société civile africaine qui ont décidé de porter plainte contre l’ex président français Nicolas Sarkozy pour son implication présumée dans le meurtre de Mouammar Kadhafi et la déstabilisation de la Libye. "Les ONG m’ont demandé d’être le parrain et j’ai trouvé qu’il était temps que l’Afrique parle. C’est la première fois dans l’histoire que des Africains portent plainte contre un Président européen. Il faut montrer que les choses ne se passent plus comme avant " a-t-il conclu, annonçant des soutiens européens et même américains. R. K (Collaboration P. R.)