La décision de Kigali de sponsoriser le club de football d’Arsenal, pour un montant estimé à 40 millions de dollars sur trois ans, suscite la polémique depuis 5 jours. Interrogée par Jeune Afrique, la ministre britannique pour l’Afrique, Harriett Baldwin, affirme « qu’aucune aide britannique n’a été utilisée ».
Depuis son annonce, le 23 mai, l’accord de sponsoring passé entre Kigali et l’équipe de football d’Arsenal fait grand bruit. Il y a, d’un côté, les fans du Rwanda de Paul Kagame, qui se réjouissent de cette visibilité nouvelle – un logo « Visit Rwanda » apparaîtra sur la manche du maillot de ce club pendant trois ans. De l’autre, certains parlementaires de pays donateurs d’aide au développement au Rwanda, qui s’interrogent sur l’opportunité de dépenser un tel montant. D’après l’hebdomadaire britannique Mail on Sunday, le contrat serait de 40 millions de dollars (34,5 millions d’euros), réparti sur trois ans, chiffre que Kigali ne dément pas.
Les contribuables britanniques vont être choqués
Un groupe de parlementaires néerlandais a ainsi demandé à la ministre en charge du Développement, Sigrid Kaag, de mener une enquête sur la nature du contrat. Le député conservateur britannique Andrew Bridgen a pour sa part dénoncé un « but contre son camp de l’aide au développement » : « Les contribuables britanniques vont être choqués, à juste titre, qu’un pays qui perçoit d’énormes subventions du Royaume-Uni renvoi en retour des millions vers un club de Londres incroyablement riche ».
D’autres critiques pointent le fait que le président rwandais est un supporter assidu d’Arsenal, ce dont il ne se cache pas : il lui arrive régulièrement de commenter les performances de l’équipe sur twitter.
Londres affirme que la « transparence est complète »
Interrogée à ce propos par Jeune Afrique lors de son passage à Paris, le 28 mai, la ministre britannique pour l’Afrique, Harriett Baldwin, a affirmé « qu’aucune aide britannique n’a été utilisée pour sponsoriser Arsenal ».
« Nous sommes fiers d’être un important partenaire de développement du Rwanda depuis des années. Au Rwanda, nous finançons des programmes gouvernementaux spécifiques pour lesquels nous avons une transparence complète sur la manière dont ces fonds sont dépensés », assure-t-elle.
L’Agence britannique pour le développement international (DFID) précise qu’elle ne verse aucun fond à « Visit Rwanda » ou au « Rwanda development board », agences publiques en charge de ce contrat.
Le Rwanda n’est pas le premier pays à promouvoir sa filière touristique sur un maillot de football. L’Azerbaïdjan sponsorise ainsi l’Athletico de Madrid depuis 2013. Et, lors de la saison 2016/17, l’office du tourisme tchadien a brièvement affiché ses messages sur le maillot du FC Metz, équipe de ligue 2 française.
Kigali défend en tout cas son choix mordicus. « Chers députés des Pays-Bas. Ce n’est PAS vos affaires », a ainsi twitté le ministre d’État aux Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe.
Amb. Olivier Nduhungirehe@onduhungirehe
Dear MPs from The Netherlands. This is NONE of your business. Rwanda uses revenues from National Parks to promote investment & tourism, aiming self-reliance.
« Il est faux et ahurissant de suggérer que l’aide au développement ait été utilisée pour ce contrat, assure-t-il à Jeune Afrique. Les Pays-Bas ont une ambassade ici qui surveille l’utilisation de leur aide, qui est d’ailleurs essentiellement affectée au secteur de la justice. Cette campagne va être financée par les revenus du tourisme, qui génère 404 millions de dollars par an. Nous allons réinvestir à peine plus de 3% de ce montant pour être sur ce maillot, qui est vu près de 35 millions de fois par jour. Cela va nous aider à atteindre notre objectif, qui est de générer 800 millions de dollars par le tourisme en 2024. »