Le parti au pouvoir a célébré dans une quasi indifférence ses 22 ans de présence sur la scène politique ivoirienne, dont six de gestion du pouvoir d’Etat, avec des hauts et des bas.
Le Rassemblement Des Républicains (RDR), parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, a célébré avec la pluie d’hier mardi 27 septembre, ses 22 ans de présence sur la scène politique ivoirienne dont six de gestion du pouvoir d’Etat. Avec les péripéties qu’a connues ce parti, sorti des entrailles du PDCI (ex-parti unique) pour déni de démocratie, des espoirs sont nés.
Dans la société ivoirienne, les réactions sur cette interdiction sont diverses. Pour la Plateforme de la société civile pour la démocratie et la paix, l’action de la Préfecture d’Abidjan vise à éviter des éventuels débordements. Toutefois, Doumbia Soumaila son président joint par Politikafrique.info estime qu’au « nom de la démocratie, la liberté d’expression doit être mise en avant ».
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Dr Adjoumani Kouamé, le président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO) ne dit pas le contraire. Selon, lui, «si la manifestation de l’opposition est pacifique », elle doit être autorisée pour « permettre au pays d’aller de l’avant dans le sens de la bonne gouvernance ».
Le vendredi 30 septembre dernier, Pascal Affi N’Guessan le président du front populaire ivoirien (FPI) et des membres de l’Alliance des forces démocratiques de Côte d’Ivoire (AFD-CI), ont appelé à un sit-in devant le parlement ivoirien.
Le mercredi 5 octobre prochain jour de la présentation de l’avant projet de nouvelle Constitution par le chef de l’Etat Alassane Ouattara, Affi N’guessan a annoncé un sit-in devant le parlement.
Il s’agit par cette manifestation pour cette coalition, de protester contre la réforme constitutionnelle en cours qui selon le FPI est « inopportune » et pas « consensuelle ». Cette formation entreprend depuis semaines des tournées dans tout le pays pour mobiliser la population contre le vote de cette Constitution.
Par un communiqué publié ce lundi 3 octobre, la préfecture du département d’Abidjan a informé que cette manifestation n’est pas autorisée ». Elle prétexte n’avoir pas été saisie. Aussi, met-elle en garde « contre tentative de trouble à l’ordre public ».
« Le FPI veut créer des troubles, donc il est bon qu’on puisse l’en empêcher », réagit Traoré Mamadou l’un des conseillers du président de l’Assemblée nationale. Pour lui, la manifestation annoncée de l’opposition « n’est pas légale » parce que n’ayant pas avisé les autorités. Le collaborateur de Guillaume Soro estime par ailleurs que cette démarche du chef de l’Etat qui va devant les députés « n’est pas le vote » mais, une occasion solennelle « pour présenter le texte à l’Assemblée nationale dans l’espoir d’avoir la caution des députés pour que le peuple vote ledit texte à travers le référendum. Si l’opposition doit contester, elle doit le faire par sensibilisation pour amener les gens à voter NON » recommande-t-il.
« C’est le ministre de l’Intérieur qui doit décider de l’interdiction ou non et non le préfet. Un parti politique ne traite pas avec le préfet. Il traite avec le gouvernement. On n’a pas à saisir le Préfet de police. Nous avons à informer le ministre de l’Intérieur qui est le patron du Préfet», rétorque Pr Abouo N’dori Raymond, l’un des vice-présidents du FPI. Non sans rassurer que son leader Affi N’Guessan saisira l’autorité compétente.
Dr Yao Albert est Enseignant-chercheur en Sociologie à l’Université Félix Houphouët-Boigny. Il analyse l’action du FPI. « Le peuple sera appelé à se prononcer sur la nouvelle Constitution. Mais encore il faut qu’il comprenne le contenu de ces lois. Parce que les termes juridiques sont souvent pédants pour le profane. Est-ce que ceux qui sont à même d’expliquer cette loi le feront pour que tout le monde la comprenne. Est-ce qu’ils ne l’expliqueront pas seulement dans le sens de ce qui les arrange au détriment de certaines choses qui sont subtiles que le profane ne verra pas ? Je pense que c’est tenant compte de tout cela, que le FPI a lancé son mot d’ordre de sit-in », analyse-t-il pour Politikafrique.info.
Il ajoute que la solution aux problèmes sociaux ivoiriens ne réside pas dans le changement de lois. « Il faut plutôt reformater les individus par une prise de conscience. Que nous changions les lois ou notre Constitution, tant que l’ivoirien ne prendra pas soin d’œuvrer pour un développement c’est-à-dire de faire ce qu’il doit faire comme il se doit pour emprunter le mot du président Houphouët-Boigny, on changera à profusion les lois mais on n’avancera à rien », estime-t-il avant d’indiquer que la Côte d’Ivoire n’est pas dans une « anomie ».
Richard YASSEU