La Cour pénale internationale (CPI) a « fait droit aux demandes d'acquittement » de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, et prononcé leur libération. Détenu depuis le 30 novembre 2011, le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) va donc pouvoir quitter sa cellule de la prison de Scheveningen, à La Haye.
Avec Anna Sylvestre-Treiner à La Haye, Vincent Duhem, Baudelaire Mieu et André Silver Konan à Abidjan, et Alain Aka à Paris. Cet article est réactualisé régulièrement, les horaires sont donnés en heure de Paris. Pour rafraîchir, cliquez ici.
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• La CPI a « fait droit aux demandes d’acquittement » des avocats de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé et « ordonne [leur] mise en liberté ».
• La mise en liberté des deux hommes est suspendue jusqu’à mercredi : une audience est programmée lors de laquelle l’accusation aura la possibilité de faire appel
• Laurent Gbagbo « Il doit être lavé de toute cette humiliation », a réagi Simone Gbagbo
• Alassane Ouattara a « pris acte » de la décision, selon l’un des avocats de l’État ivoirien
13 h 45 – Quand Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé seront-ils effectivement libérés ?
Selon nos informations, la remise en liberté de Laurent Gbagbo pourrait prendre de quelques jours à plusieurs semaines. Ordonnée ce mardi par les juges de la CPI, elle a en effet été suspendue jusqu’à l’audience de mercredi 16 janvier, lors de laquelle le procureur va faire appel des décisions de la Cour.
Cet appel pourrait – ou pas – être suspensif de la décision rendue aujourd’hui. L’ancien président ivoirien et son ex-ministre pourraient donc être remis en liberté sans condition, ou encore soumis à une libération conditionnelle.
13 h 30 – Guy Labertit : « Les gens vont ouvrir les yeux »
« C’est un grand soulagement au plan humain. En tant que citoyen français, je repense au rôle qu’a joué l’État français, en particulier sous Nicolas Sarkozy », a réagi Guy Labertit, socialiste français proche du Laurent Gbagbo. « Je pense que les gens vont ouvrir les yeux sur ce qui s’est passé, sur le fait que la France et la communauté internationale n’ont jamais accepté l’élection de Laurent Gbagbo », a-t-il jugé.
13 h 25 – Guy Dossou Mitokpè (Bénin) : « La CPI est devenue une Cour contre les plus faibles »
« Cette libération est une victoire et une leçon pour la jeunesse », a réagi le député béninois Guy Dossou Mitokpè, natif de Bouaké en Côte d’Ivoire où il a passé 21 ans de sa vie. « Il est aussi aujourd’hui grand temps que nous nous posions la question de l’opportunité de cette Cour, qui est devenue une Cour contre les plus faibles. »
13 h 20 – Florent Geel (FIDH) : « C’est l’impunité totale »
IL N’Y A PLUS DE RESPONSABLES POLITIQUES ET MILITAIRES DE LA CRISE POST-ÉLECTORALE QUI VONT RENDRE DES COMPTES
« C’est une décision qui était malheureusement prévisible et à laquelle on s’était évidemment préparé », explique à Jeune Afrique Florent Geel, responsable Afrique à la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
« Mais c’est une décision qui demeure malgré tout décevante, notamment par rapport aux victimes et à la justice. Avec cette décision d’acquittement de la Cour pénale internationale et l’ordonnance d’amnistie prise par la président Ouattara le 6 août 2018 et confirmée par une loi adoptée par l’Assemblée nationale ivoirienne le 19 décembre 2018, il n’y a plus aujourd’hui de responsables politiques et militaires de la crise post-électorale qui vont rendre des comptes sur les crimes qui ont été commis et il en n’y aura plus à l’avenir. C’est à dire que c’est l’impunité totale », regrette-t-il.
13 h 15 – Alassane Ouattara « est calme et prend acte de cette décision » (avocat)
LE PROCUREUR VA FAIRE APPEL. LAURENT GBAGBO POURRAIT ALORS NE PAS ÊTRE LIBÉRÉ ET ÊTRE ASSIGNÉ À RÉSIDENCE, PAR EXEMPLE EN BELGIQUE
Jean-Paul Benoit, avocat de l’État de Côte d’Ivoire, a assuré à Jeune Afrique que le président ivoirien prenait l’annonce de cet acquittement avec calme. « J’ai eu Alassane Ouattara au téléphone. Il est calme. C’est un homme que je connais depuis trente ans, et je vous le dis sans langue de bois : le président ivoirien est calme et prend acte de cette décision », a-t-il affirmé.
« Cette décision était un des scenarii possibles, nous nous y étions préparé. Mais je tiens à souligner que la procédure n’est pas terminée. Le procureur va faire appel. Laurent Gbagbo pourrait alors ne pas être libéré et être assigné à résidence, par exemple en Belgique, qui a accepté de l’accueillir. »
« Je ne comprends pas qu’après huit années de détention, des confirmation des charges, des audiences, on s’aperçoive qu’il n’y a rien de rien dans le dossier. Quand j’écoute les juges aujourd’hui, j’ai l’impression que Laurent Gbagbo n’était pas en Côte d’Ivoire pendant la crise, et que tout ce qui s’est passé lui était totalement étranger. Comme s’il n’était pas chef de l’armée, chef de la police, chef de l’État », s’emporte l’avocat. Pour lui, par cette décision, « la Cour oublie qu’il y a eu plus de 3 000 morts, et que s’il y a eu des morts, il y a eu des responsables. »
13 h 05 – Joël N’Guessan (RDR) : « Nous devons prendre acte de cette décision de la CPI »
« Nous devons prendre acte de cette décision de la CPI qui est la plus haute juridiction dans le monde. Je pense que les hommes politiques doivent apprendre à respecter les décisions de justice, quel que soit ce qu’ils peuvent en penser », a déclaré Joël N’Guessan, vice-président du RDR, le parti d’Alassane Ouatarra. « Cependant, je milite pour que nous œuvrions à éliminer les causes qui ont provoqué la mort de 3 000 personnes lors de la crise postélectorale ».
12 h 50 – Alain Toussaint : « Libres, Gbagbo et Blé Goudé pourront jouer un rôle central »
« C’est une bonne nouvelle et un grand soulagement pour tous les Ivoiriens. Une victoire personnelle, pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, qui sont ainsi lavés de toutes les accusations », a déclaré à Jeune Afrique Alain Toussaint, ancien porte-parole de Laurent Gbagbo.
« Libres, Gbagbo et Blé Goudé pourront jouer un rôle central pour faire avancer la paix en Côte d’Ivoire. Ils vont travailler à la réconciliation des cœurs, à panser les blessures. Le pays a besoin de paix dans la longue période pré-électorale qui s’ouvre », a-t-il ajouté.
12 h 45 – Jean-Pierre Bemba « ravi » de l’acquittement
L’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba n’a pas manqué de réagir à la décision de la CPI. Acquitté en appel en juin 2018 par la Cour de La Haye, il s’est félicité du jugement : « La justice a tranché, le droit les a innocentés », a-t-il écrit, avant de se dire « ravi de voir [ses] frères Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé acquittés et recouvrer leur liberté ».
Jean-Pierre Bemba avait dans un premier temps été condamné par la CPI à 18 ans de prison pour des crimes commis par sa milice en Centrafrique entre 2002 et 2003, avant d’être acquitté à la surprise générale. Son acquittement avait été perçu comme un camouflet pour la CPI.
Jean Pierre Bemba@bembajp
La Justice a tranché, le Droit les a innocentés. Ravi de voir mes frères #LaurentGbagbo et #CharlesBléGoudé acquittés et recouvrer leur liberté.
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10:52 - 15 janv. 2019
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