Côte d’Ivoire – Amadou Gon Coulibaly : « Nous allons gagner la présidentielle »
- lesnews
- 16 déc. 2019
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Dans les rangs du parti unifié, il n’a pourtant pas que des amis, notamment au sein de la génération du président, parmi ceux qui s’inquiètent de devoir quitter la scène s’il était désigné candidat. Fidèle à lui-même, Amadou Gon Coulibaly ne plastronne guère. L’incertitude qui prévaut actuellement lui sied à merveille. Il a cependant accepté de répondre à nos questions, ce dimanche 8 décembre dans son bureau de la primature – un exercice auquel cet homme ne s’est livré que rarement depuis qu’il est Premier ministre et « présidentiable ».
Jeune Afrique : Le 30 novembre, à Katiola, le chef de l’État a, pour la troisième fois depuis juillet 2018, appelé les « hommes politiques de sa génération » – autrement dit Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, même s’il ne les a pas cités – à passer le témoin. Il a expliqué qu’il n’avait pas l’intention de se représenter, mais qu’il le ferait si l’un d’eux décidait de concourir. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Amadou Gon Coulibaly : La prise de position du président est conforme à la conception moderniste qu’il se fait de la Côte d’Ivoire, et je la partage pleinement. Notre nouvelle Constitution l’autorise à briguer un nouveau mandat. Si des responsables politiques de sa génération décidaient d’être candidats à la présidentielle de 2020, il serait légitime qu’il le soit aussi.
Si le chef de l’État décidait de ne pas briguer sa propre succession, son Premier ministre et dauphin putatif serait sans doute le candidat du RHDP en 2020. Interview exclusive.
Octobre 2020. L’échéance est dans toutes les têtes. Qui sera sur la ligne de départ ? Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié s’affronteront-ils ? Qui a le plus de chances de l’emporter ? Quels rôles seront amenés à jouer les cadors des principales formations politiques durant la campagne ? Quels postes pourront-ils convoiter en cas de succès ? En Côte d’Ivoire, les questions autour de la présidentielle sont légion. Pour les réponses, il faudra attendre.
En public, Alassane Ouattara entretient le mystère sur ses intentions. Il a plusieurs fois dit que sa génération – la sienne, mais aussi celle d’Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo – a fait son temps et doit transmettre le témoin, tout en menaçant de se représenter si Bédié décidait de concourir. Or à 85 ans passés, ce dernier semble bien décidé à se lancer à la reconquête de ce palais présidentiel dont il fut délogé le soir de Noël, en 1999.
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À dire vrai, Ouattara n’a guère d’autre choix que de reporter l’annonce de sa décision. D’abord parce qu’il entend rester le chef le plus longtemps possible et que, dans ces conditions, mieux vaut laisser planer le doute. Ensuite parce qu’il préfère laisser les adversaires du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) – le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le Front populaire ivoirien (FPI) et Guillaume Soro notamment – se dévoiler les premiers. Enfin parce qu’il a un plan A et que ce dernier nécessite une préparation méticuleuse et ne souffre guère l’approximation.
Ce plan A, c’est Amadou Gon Coulibaly, son Premier ministre depuis bientôt trois ans. Et son plus proche collaborateur depuis près de trente ans, de la Direction du contrôle des grands travaux (DCGTX), où celui qui rêvait, enfant, de construire des ponts a été recruté par Antoine Cesareo, à la primature. Ouattara et Gon Coulibaly ont tout connu ensemble : les honneurs et les défis, le pouvoir et la marginalisation, l’opposition, la guerre, la « réclusion » au Golf Hotel d’Abidjan pendant la crise postélectorale puis, de nouveau, le pouvoir.
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Pas une feuille de papier à cigarette entre les deux. Aucun écart pour Gon Coulibaly, qui est toujours resté dans l’ombre de son mentor. Naturellement, à l’heure d’une éventuelle succession, le nom de celui que ses soutiens au RHDP surnomment « le meilleur d’entre nous » revient avec insistance.
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