Le président algérien a notifié au Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat, selon l’agence de presse officielle APS. Cette annonce intervient quelques minutes après que l’état-major de l’armée a sommé Abdelaziz Bouteflika de partir sur-le-champ.
« Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République », a fait savoir Algérie Presse Service, l’agence de presse officielle algérienne, qui cite la présidence de la République.
Cette annonce intervient quelques minutes seulement après la publication d’un communiqué de l’état-major de l’armée exigeant d’« appliquer immédiatement » les articles 7, 8 et 102 de la Constitution, prévoyant la destitution du président.
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L’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) a rejeté le texte diffusé la veille par la présidence, dans lequel Abdelaziz Bouteflika s’engageait à quitter la présidence avant le 28 avril – qui émane à ses yeux de « forces non constitutionnelles » – et s’est engagé à soutenir le peuple algérien « jusqu’à ce que ses revendications soient entièrement et totalement satisfaites ».
Interim
Selon la Constitution, c’est le président du Conseil de la nation (la chambre haute du Parlement algérien), Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui assurera l’intérim durant une période maximale de quatre-vingt-dix jours, au cours de laquelle une présidentielle doit être organisée.
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Dans les milieux partisans, comme au sénat, il est perçu comme un homme à la personnalité obscure. « C’est une force tranquille au service du pouvoir. On ne lui connaît aucune déviation de sa ligne de conduite. C’est la parfaite incarnation de la langue de bois », décrivait ainsi à Jeune Afrique un sénateur, sous couvert d’anonymat.
Joie dans les rues d’Alger
À Alger, l’annonce de la démission d’Abdelaziz Bouteflika a été accueillie par un concert de klaxons. Dans les minutes qui ont suivi, des centaines de personnes ont commencé à se rassembler place Maurice Audin, lieu de rendez-vous des contestataires qui réclamaient le départ du président algérien depuis plus de cinq semaines, comme a pu le constater Zahra Rahmouni, notre correspondante dans la capitale.
Très affaibli depuis un AVC en 2013, Abdelaziz Bouteflika entendait briguer un cinquième mandat, avant d’y renoncer face à la contestation populaire et d’annoncer le report sine die de la présidentielle, initialement prévue le 18 avril, le temps d’organiser la transition. Une option rejetée par les contestataires.